Jour 11 (suite) : … … … La route pour Kutaisi est d’abord en pleine réfection, puis super bien refaite et roulante pendant 2 jours. Mais la route monte dans une pente raide et boisée, c’est la fin d’après-midi, et pas le moindre coin bivouac en vue, ni même possibilité de quitter la route. Au premier village (p.e. Takdisi) nous demandons à des femmes rentrant des champs. Et elles rigolent bcp sur cette idée saugrenue mais nous indiquent un coin au-dessus du village. Nous trouvons un coin super, un peu caché sous des noisetiers au-dessus du chemin.
Et nous nous demandons ce qu’il va se passer. Et bientôt nous voyons une, puis deux voitures de police tourner et retourner sur la route, dans les chemins sous la route, puis sur le chemin qui monte vers nous – mais ils ne nous voient pas, on est bien caché de la vue. Ils cherchent même un peu à pied, appellent, mais pour nous voir, faut monter une bosse un peu raide, … Puis la nuit tombe, on les voit tourner et tourner, et nous on rigole – ah les vilaines ! Ils finissent par chercher à pied et avec des torches, et nous on commence à avoir pitié d’eux. On allume donc la lumière et commence à parler … fallait voir comment ils étaient soulagés de nous avoir trouvé. Ils s’en vont – ouf, on dormira tranquille – mais peu de temps après, un seul, Kotcha, revient, condamné à dormir dans la voiture. Quand on vient juste se coucher il monte -- bel effort, vue sa bedaine – avec une bouteille de vin maison pour trinquer avec nous … on boit un verre, et tout en sachant que ce n’est pas poli, on s’arrête là. Ben, il nous laisse la bouteille – pour le cas où on aurait soif -- c’est vraiment touchant. …

Jour 12 : 80km et plus de 1000m (mais impossible de lire le chiffre exact) de montée jusqu’à Kutaisi
… Le matin, on ne bouge pas très tôt mais au moins la tente est bien sèche quand nous partons. On offre le café à notre policier Kotcha, qu’il prend volontiers et il nous offre des mures qu’il vient de cueillir. Mais il va bien continuer à nous suivre. Le paysage est assez verdoyant en collines douces, et nous passons par pas mal de villages. Partout il y a des fontaines ou les gens viennent remplir des bidons en disant qu’elle est meilleure que celle du robinet – va comprendre. Nous nous arrêtons un peu partout pour regarder, pour parler avec les gens – pas mal d’ados qui sont ici en vacances. A Nikortsminda nous visitons l’église en pleine restauration (et c’est là que Kotcha nous attend et nous apprend comment nous devons attacher le vélo). Puis dans une des boutiques du village nous rencontrons une géorgienne vivant en France qui nous indique une grotte qui serait magnifique … nous y allons, et nous ne sommes pas seuls, mais c’est décevant : ce n’est pas le bon endroit ou nous ne voyons pas la bonne entrée. Kotcha nous a perdues mais il nous retrouve quand nous sortons de la grotte. Nous piqueniquons ici où on a une jolie vue sur le réservoir Shaori où nous avons prévu de nous baigner. Donc voilà, Kotcha repart … et revient peu après avec une bouteille d’eau fraiche ! Il est désarmant.
Au réservoir, Monique se précipite sur la première plage en vue -- pas terrible, c'est moyennement propre et déjà pris par les vaches en pas très bon état. Kotcha nous dit au revoir et nous laisse avec un collègue, il nous avait promis de nous montrer une belle plage, mais on ne lui a pas laissé de chance. Disons que « pas tout le monde s’est déjà baigné en compagnie de vaches ». Plus loin, à l’autre bout du lac c’est bien plus sympa, mais c’est déjà 15h passé, et il faut encore monter au col Nakerala à 1220m (juste 100m) et encore presque 50km en montagnes russes jusqu’à Kutaisi. Nos nouveaux policiers sont chiants, ils nous doublent, nous collent de près, … mais au col ils nous disent au revoir, et c’est la fin du roman policier.
La descente des lacets jusqu’à Tkibuli sur route flambant neuve est super, la plus belle – pas tout à fait la seule -- descente du voyage. Tkibuli est une ville sinistrée. Ancien site d’industrie lourde, tout tombe en rade sauf l’usine hydroélectrique a l’entrée de la ville, les immeubles, tout, je n’ai jamais vu une gare dans un état aussi lamentable … mais il y a encore 1 train par jour pour Kutaisi …
Dans la montée en sortie de la ville on prend peur : des policiers s’arrêtent devant nous -- mais non, ils nous demandent juste si tout va bien et continuent …
Il reste encore 35km et un col sans nom, heureusement la route est toujours bonne. Juste avant la montée au col, à 10 km de Kutaisi, des gars nous appellent, et ben, il y a une fontaine, puis ce serait quand-même pas poli de ne pas répondre au moins aux questions habituelles, je m’arrête donc. Erreur fatale, ils sont en pleine supra, et pas question de refuser le poulet à l’ail (super bon) et le vin blanc -- très buvable mais pas ce qu’il faut pour le col à venir. Les gars sont des géorgiens typiques, bien bedonnants, rigolards, et sympathiques, nous passons donc un moment fort agréable, mais effectivement, les derniers km seront durs, le col est plus haut que prévu, et on rentre dans la ville à la tombée de la nuit … et ce n’est pas fini, faut la traverser, descendre dans le centre, et remonter sur la colline en face, où nous avons des adresses de GH. Heureusement un jeune nous y emmène, je suis sûre qu’on se serait laissé repousser par la pente, sacrée pente en effet. Voilà nous finissons par trouver un GH bien agréable, en fait il n’y a que cela dans ce quartier.