Jour 9 : 65km et 900m de montée jusqu’à Ambrolauri, sur route excellente et piste terrible, et quelques km en voiture de policier
De Lentekhi (760m) à Tsageri (475m) c’est de la route grandiose, fraichement goudronnée, et globalement plutôt descendante : 24km en une heure et des pointes à 60kmh, on bat nos records là. Tsageri est une petite ville tranquille qui a vu des jours meilleurs avec un marché et tout ce qu’il faut pour faire les courses. Nous visitons le camion « économies d’énergie » évidemment. Nous sommes descendues dans un climat doux et humide, il y a grenades, figues, kaki, vigne mais aussi noisettes et toujours des noix.
Après Tsageri, la route vers Orbelli nous fait passer par un col sans nom. A la montée la route est bonne (elle mène au monastère) mais raide ; heureusement il y a pleines de mures, on ne les ignore pas --- et on n’est pas les seules, il y a aussi des babouchkas avec des gros seaux. La descente sur Orbelli est terrible mais pas très longue. A Orbelli il n’y a pas grand-chose, un petit shop mais pas de petite gargote pour manger un bout. Nous mangeons un peu plus loin à un endroit sympathique au bord du barrage sous les pommiers … ou nous rencontrons un groupe de 9 cyclistes ukrainiens qui nous déconseillent fortement la boucle qu’on a vu vers le Kazbegh, trop brutal pour traverser avec les vélos chargés. C’est aussi eux qui nous demandent si on ne sent pas surveillées par la police ? ben non, jusqu’à là on n’a rien vu, mais ça va vite changer …
Après le barrage on se croirait dans les Alpes de Haute Provence, c’est un paysage bien calcaire et il fait chaud, on est assez bas à présent. 15km avant Ambrolauri, dans le premier village depuis un moment (p.-e. Chrebalo) nous faisons une halte. En plus de la bière que nous achetons, on nous en offre une autre. Ça va être dur d’aller bcp plus loin après ça. Mais justement, un policier – qui nous attend mais nous ne l’avons pas encore compris – nous propose de nous emmener à Ambrolauri pour la nuit. Ok, sympa, alors allons-y, mais on ne s’en débarrassera plus pendant plusieurs jours.
Effectivement, notre policier nous dépose chez une connaissance qui fait chambre d’hôte – un couple fort sympathique, où nous mangeons fort bien (le vin maison n’est pas terrible) dans le jardin, au frais, le monsieur est tout fier de nous montrer son installation d’illumination de jardin … mais on ne voit rien de la ville, sauf le rond-point décoré avec une énorme bouteille de vin à l’entrée de la ville.

Jour 10 : 55km et env 1000 m de montée jusqu’à Kur Shovi , complexe touristique à la soviétique vers 1600m, non loin de l’Ossétie
Monique avait raison, le matin « notre policier » nous attend devant le portail. Il nous propose de nous emmener là-haut quelque part puis de nous ramener, voilà ce sera du vite fait. Il finit de nous proposer de monter à Kur Shovi, à une 10aine de km du col Mamisoni et de la frontière ossète. Et il va nous suivre … jusqu’à la frontière du district … où un nouveau policier nous attend. A Oni je me fais gronder car j’ai lâché mon vélo bien en vue pendant 30s, pourtant ça ne risque strictement rien ; puis on essaie carrément de nous décourager, mais ils n’ont pas le droit de nous empêcher, donc on aura encore un policier …
Oni est une ville typique, avec un petit centre ancien, un marché, une synagogue (qu’on visite au retour) mais aussi bcp d’immeubles bien moches et bien nombreux pour une petite ville perdue au pied des montagnes.
Apres Oni on doit enfin monter dans les montagnes, donc on s’attend à rouler sur de la piste. Mais non, on se trouve sur une ancienne route internationale qui permet en principe de rejoindre la Russie, puis c’est une vallée assez touristique ; il y a le « Vichy géorgien » nous dit-on. Effectivement, on passe des thermes dans des états variables et on visite des sources captées et non d’eau bien ferrée, soufrée et un peu pétillante – c’est très prisé par les citadins qui en remplissent leur coffre, m’enfin, c’est buvable sans bcp plus. C’est le weekend, et il y a pas mal de citadins en voiture, effectivement bcp de 4x4 noirs flambant neufs …
On monte maintenant, mais on reste bien bas, bien dans la forêt, par rapport aux montagnes qui culminent à plus de 5000m et qu’on aperçoit à peine. Les villages, autres fois au bord de la grande route donnent l’impression avoir vécu des jours plus heureux, bcp de maisons abandonnées, quelques-unes bien joliment refaites. La route devient de plus en plus mauvaise, l’orage menace, Monique attrape une crevaison malgré les pneus Marathon. Finalement cela permet à notre policier de se montrer utile, et il le fait avec bcp d’enthousiasme.
Kur Shovi est la fin de la route carrossable (sans 4x4). C’est un complexe touristique à la soviétique bien hideux, dans un état assez délabré mais pris d’assaut par les citadins. On dirait bien qu’il y ait des projets de faire du plus moderne, mais ce ne sera p.-e. pas pour tout de suite. On nous prie de camper « à l’abri », à l’intérieur du camp, et nous finissons par céder, il y a des coins bien jolis sans vue sur bâtiment moche, et cela permettra à notre policier de dormir au chaud dans le centre – après tout ce n’est pas de sa faute, il obéit aux ordres. On dirait que je n’ai même pas de photo, c’est pourtant bien joli et la pleine lune magnifique.

Jour 11 : env. 80km descendants pour revenir sur Ambriolauri, puis quelques 100aines de m pour arriver un peu avant Nikortsminda.
Le lendemain on se lève tôt pour continuer un peu sur la route pour voir si on peut monter un peu plus haut à un endroit avec un peu plus de vue, … mais ça devient vite assez violent, et nous avons promis de revenir dans une heure ("tcherez tchass"). Nous montons donc juste un peu pour apercevoir quelques taches de neige et laisser sécher la tente.
La descente s’avère assez pénible, la route étant bien mauvaise. Les sommets s’ennuagent vite et le temps est assez lourd. De retour à Oni nous visitons la synagogue, marquée par les tremblements de terre et abandonnée par les fidèles (sur 3000 ne restent plus que quelques-uns). Ça nous permet de semer un peu notre ami – qui nous cherche partout. Il n’est pas mauvais joueur pour autant, et nous indique un resto sympa – en s’assurant qu’on sera sage.
Puis route globalement descendante sur Ambriolauri où nous faisons un petit tour avant de reprendre la grande route en direction de Kutaisi … … suite avec les photos du lendemain …