Jour 5 : juste 25km jusqu’à Mestia, à env. 1600m d’altitude Il pleut un peu pendant la nuit, mais nous réveillons sous un ciel bleu avec vue sur le Mont Ushba, exactement comme on l’avait imaginé. Donc trainer un peu pour tout faire sécher est tout sauf désagréable.
Il fait déjà chaud quand nous partons ce qui n’est pas un problème pour les 7km de descente jusqu’à la route. A partir de là c’en est fini du calme, c’est le chantier et la poussière en permanence. On roule d’abord beaucoup sur la terre, puis de plus en plus sur nos « pistes cyclables » super roulantes, en fait, des demi-routes bétonnées de 20cm de haut, mais pas encore « connectés », donc seulement accessibles aux cyclistes (qui ne sont pas foules dans le coin). Puis, petit à petit la vallée s’ouvre franchement et on commence à voir de plus en plus des célèbres tours svanes. Et il fait de plus en plus chaud. Mestia est un seul chantier. C’est ici que nous voyons les premiers touristes, en fait ça en grouille, il parait que les 9 hôtels sont pris d’assaut, et ils en construisent d’autres (plutôt moches d’ailleurs) ; heureusement il y a aussi bcp de logements chez l’habitant, c’est une vraie industrie ici, on se croirait en Autriche. Nous trouvons tout de suite (merci le Routard, ou était-ce le Lonely Planet ? de toute façon ils se copient dessus), un peu à l’écart des chantiers, au calme. Nous pouvons nettoyer un peu nos vélos et faire un peu de linge --- il y en a bien besoin. Nous sommes accueillies par la sœur de notre hôtesse, Irmgard, qui travaille à la fac à Tbilissi et qui parle très bien allemand, ben c’est appréciable. Elle est spécialiste en langues ibéro-caucasiennes, et elle nous dit que le svane est en train de se perdre car les jeunes ne le parlent plus.
Nous visitons « la ville » -- a c’est un bien grand mot -- ses tours, ses commerces et ses bistros : épicerie, boulangerie, puis depuis peu il y a bien un distributeur de billets, mais il se mérite, pas facile à trouver. L’année prochaine il y en aura 10, j’en suis sure.
Dans un bistro (une sympathique cour au calme) nous rencontrons tout une troupe de cyclistes italiens ; la première chose que je vois est un magnifique vélo « Cube » noir --- ah, j'en connais un comme ça. Evidemment on s’assoit avec eux, et après les présentations --- eux ils font plutôt du VTT à la journée --- on arrive vite au match Sarko –Berlusconi, pourquoi donc ? En tout cas on rit bien avec eux, le plus souvent en français d’ailleurs.
De retour à l’auberge je n’ai presque plus faim après le pain tout chaud mangé au village, mais le repas est tellement bon avec bcp de légumes et de fromage, ça ne se refuse pas.

Jour 6 : 50km de piste et 1200m de dénivelé jusqu’à Ushguli à 2100m d’altitude : Nous essayons de partir tôt pour cette longue étape. Mestia est encore presque endormi. Il nous faut demander notre chemin plusieurs fois, tellement c’est en chantier. Au début, quelques km d’excellente route. Puis c’est de la plutôt bonne piste. Il y a quelques rares raidillons, un gué --- assez petit, mais on n’a pas envie de mouiller les pieds, on passe donc par la passerelle pour piétons quelques mètres plus haut. Globalement, la montée es assez régulière et il y a peu de trafique. Pause midi au col Ugiri (1923m) dans un coin sympa mais sans vue à ce col caché dans la forêt. Au moment de repartir, c’est Mikhaïl qui nous double. Il fait le même trajet que nous, mais à cheval. Nous le reverrons encore plusieurs fois, tantôt c’est lui, tantôt nous les plus rapides. Dans la descente, nous le devançons malgré l’était assez exécrable de la piste. A la fin de la descente, à Bogreshi, l’orage menace, puis il pleut un peu mais ça n’éclate pas vraiment. A partir de là, la piste est bonne et monte en montagnes russes plus ou moins le long de la rivière jusqu’à Ushguli. Il n’y a quasiment pas de voitures, quelques personnes travaillant dans les champs, quelques tous petits villages sans le moindre commerce, une seule buvette où tout le monde s’arrête. Petit à petit la vallée s’ouvre (sauf pour des courtes gorges peu avant Ushguli) et nous commençons avoir quelques belles vues sur les montagnes dans les nuages.
Nous arrivons à Ushguli avec ses tours svanes vers 18h, et on dirait que nous sommes attendues. Quelqu’un nous propose de nous emmener à son guesthouse Leri tout en haut du village, « tout neuf », tenu par un gars tout seul qui va chercher « tante Lola » pour nous faire à manger. C’est vrai, la salle de bains et les chambres ont l’air tout neuf. Il n’y a pas bcp d’autres touristes dans le village (quelques-uns dans le GH du guide) et nous mangeons merveilleusement bien ici. Ce qui nous a le plus marqué est une sorte de mozzarella maison toute fraiche avec des herbes, vraiment délicieux. Il ne fait pas froid malgré l’altitude.

Encore quelques histoires et autres idées reçues

• la visite de Saakashvili : nous finissons par comprendre la raison de la fièvre de construction sur la route et à Mestia. Le président Saakashvili viendra en visite en septembre. D’ici là tout doit être parfait. Il reste du boulot, je ne pense pas que ce soit vraiment faisable, même en travaillant jour et nuit, comme ils ont commencé à le faire. C’est un peu dommage : avec une belle route et des hôtels en abondance, Mestia perdra son air de « bout du monde », et le route sera surement plus dangereuse car bcp plus roulante ...
• Les tours svanes : Ce sont des tours de défense. Les guéguerres entre villages, entre clans, et aussi les menaces extérieurs ont été permanentes en Svanétie. Les tours permettent de s’abriter, se défendre, stocker de la nourriture, … et aujourd’hui à faire venir des touristes. Donc longtemps laissées un peu à l’abandon, elles sont aujourd’hui souvent bien restaurées.
• Les brigands svanes : ils sont célèbres, et il parait qu’ils ont encore sévi il y a peu. Mais on n’en a pas vu la moindre trace --- peut-être ils ont tous rejoint la mafia tbilissienne, c’est plus rentable. Dans les montagnes, que des géorgiens très sympas.
• La plomberie en Géorgie : faudra qu’ils fassent appel aux plombiers polonais. On a rarement vu une maison, un hôtel sans problème de plomberie, où il n’y a pas des fuites ou il faut faire couler l’eau aussi ailleurs pour pouvoir prendre une douche, ou au contraire, faut fermer ailleurs, …